En près de sept mois de guerre, l’armée israélienne a remodelé Gaza selon ses besoins. Elle rase le bâti sur une « zone de sécurité » de 1 kilomètre environ de profondeur à sa frontière, menaçant de priver durablement l’étroite bande côtière de 16 % de son territoire, notamment de terres agricoles, selon des données satellitaires analysées par Le Monde. Elle a contraint des centaines de milliers de Gazaouis à quitter le nord de l’enclave et consolide une route militarisée qui empêche leur retour, tout en limitant le passage de l’aide humanitaire.
L’armée mène des raids depuis deux bases avancées aménagées sur ce corridor. Elle bâtit aussi de nouvelles structures sur la côte, censées sécuriser l’acheminement d’aide par la mer, promise par l’allié américain pour le début du mois de mai. « Israël présente ces structures comme temporaires, mais elles représentent des faits accomplis qui peuvent perdurer longtemps », craint un diplomate occidental.
La droite israélienne ambitionne de faire de la métropole de Gaza, en ruine, une zone tampon dépeuplée, dans le Nord, ou de la recoloniser. Les ministres israéliens issus du centre, minoritaires, font, pour leur part, du retour des Gazaouis vers le nord un levier dans les négociations toujours en cours avec le Hamas, afin de le contraindre à libérer ses otages. Une proposition en ce sens a été avancée au Caire, en Egypte, fin avril, selon le quotidien libanais Al-Akhbar et la radio de l’armée israélienne. Elle pourrait amener les forces israéliennes à se retirer, au moins temporairement, de la route coupant l’enclave par le milieu.
Cependant, toutes les composantes de la coalition au pouvoir en Israël revendiquent une « liberté d’action » de l’armée à long terme dans Gaza . Elles s’accordent sur le fait qu’une phase de « stabilisation » devra se poursuivre durant de longues années après-guerre, nécessitant des raids réguliers contre le Hamas et les brigades armées de Gaza.