Un groupe de retraités de l’armée espagnole a adressé une lettre au roi Felipe VI, dans laquelle il lui demande d’intervenir pour destituer le gouvernement de Pedro Sanchez, qu’il accuse de trahir la nation et de menacer l’unité du pays. La lettre, signée par une soixantaine d’anciens officiers, a été rendue publique par le journal El Mundo.
Les auteurs de la lettre se présentent comme des “patriotes espagnols” qui ont servi sous le drapeau et qui sont “profondément préoccupés” par la situation politique et sociale de l’Espagne. Ils dénoncent la “gestion calamiteuse” de la pandémie de Covid-19, la “corruption endémique” des partis politiques, la “menace séparatiste” en Catalogne et au Pays basque, et la “complicité” du gouvernement avec les “ennemis de l’Espagne”, notamment les partis d’extrême gauche et les indépendantistes.
Ils affirment que le gouvernement de Pedro Sanchez, qui dirige une coalition entre le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et Unidas Podemos, est “illégitime” et “anticonstitutionnel”. Ils accusent le chef du gouvernement d’avoir violé son serment de loyauté envers le roi et la Constitution, et de chercher à “détruire” le régime démocratique issu de la transition post-franquiste.
Ils appellent donc le roi Felipe VI, qui est le chef suprême des forces armées, à “assumer ses responsabilités historiques” et à “sauver l’Espagne” en déclenchant un “mécanisme constitutionnel” qui permettrait de renverser le gouvernement et de convoquer de nouvelles élections. Ils lui demandent également de “rétablir l’ordre” et de “garantir l’unité” du pays face aux “agressions” des séparatistes.
La lettre a provoqué une vive polémique en Espagne, où elle a été perçue comme une tentative de coup d’Etat. Le gouvernement a condamné “avec la plus grande fermeté” ces propos, qu’il a qualifiés de “graves” et de “délirants”. Il a rappelé que le roi n’avait pas le pouvoir de dissoudre le Parlement ni de destituer le gouvernement, et qu’il devait respecter la neutralité politique. Il a également souligné que l’armée espagnole était “démocratique” et “loyale” à la Constitution.
Le ministère de la Défense a annoncé qu’il allait ouvrir une enquête pour identifier les signataires de la lettre et éventuellement les sanctionner. Il a précisé que ces retraités ne représentaient qu’une “minorité” au sein de l’armée, et qu’ils n’avaient aucune influence ni aucun soutien. Il a affirmé que l’armée espagnole était “engagée” dans la défense de la démocratie et de l’Etat de droit.
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